Le 22 mars 2013, une résolution demandant la démission de trois membres du Conseil suisse de la presse ainsi que de son secrétaire a été soumise à l’assemblée des délégués de l’association de journalistes impressum (ex Fédération suisse des journalistes) qui s'est tenue à Fribourg. Le comité d'impressum — dont deux membres sont également membres du Conseil de fondation du Conseil suisse de la presse — a proposé le rejet de la résolution, arguant principalement que le Tribunal administratif n'a pas encore tranché sur le fond du recours. Soumise au vote, la résolution a été rejetée par cinq voix contre une. L'écrasante majorité de la quarantaine de délégués s'est abstenue.



Résolution demandant la démission du président du Conseil suisse de la presse, de son secrétaire et de deux autres de ses membres.

Soucieuse du respect d’une éthique journalistique digne de ce nom, l’association suisse Impressum demande au président du Conseil suisse de la presse (CSP), Dominique von Burg, ainsi qu’à son secrétaire Martin Künzi et à ses membres Michel Zendali et Anne Seydoux de démissionner avec effet immédiat. Soulignant que la recherche de la vérité est la valeur suprême du journalisme, elle demande à la Fondation Conseil suisse de la presse de dénoncer publiquement les manipulations du Conseil suisse de la presse évoquées ci-dessous, tout particulièrement la lettre mensongère, et de prendre des mesures garantissant la transparence du Conseil suisse de la presse, ainsi que l’intégrité de ses membres.

Bref rappel du fonds de l’affaire. Après avoir révélé le rôle d’un groupe d’extrémistes qui, en Suisse, organisaient un soutien aux autorités génocidaires rwandaises, L’Objectif et ses journalistes ont fait l’objet d’une Prise de position du Conseil suisse de la presse les accusant d’avoir violé leur éthique professionnelle, notamment en ne donnant pas la parole aux révisionnistes. Cette prise de position est arbitraire car les journalistes n’ont aucune obligation de donner la parole aux personnes concernées lorsqu’ils se réfèrent à un jugement d’un tribunal, ce qui était le cas en l’occurrence. De plus, des spécialistes disent qu’il ne faut pas donner la parole aux révisionnistes.

Les membres du Conseil suisse de la presse cités ci-dessus ainsi que son secrétaire ont gravement violé les principes de transparence et de recherche de la vérité qui constituent l’essence même du journalisme. Ils ont notamment manipulé leur Prise de position dans un sens favorable au révisionniste en supprimant arbitrairement de l’état de fait la notion de
«soutien au génocide» - un fait reconnu par le tribunal - et en prétendant fallacieusement que l’article de L’Objectif contenait une autre accusation qui en réalité ne ressortait ni de l’article, ni du jugement du tribunal. Ils ont ensuite menti en prétendant que la Prise de position a été prise conformément au règlement. Plus grave, ils ont écrit fallacieusement que cinq membres de la 2ème Chambre étaient présents alors qu’en réalité le quorum n’était pas acquis, seuls trois membres ayant participé à la séance. La deuxième Chambre a donc siégé de manière illégitime. Les preuves seront présentées à l’assemblée générale d’impressum.

Dominique von Burg : Le président du Conseil suisse de la presse porte la haute responsabilité des irrégularités, manipulations ou mensonges du Conseil suisse de la presse. Avant même la publication de la prise de position, il avait été mis au courant par un appel téléphonique du rédacteur en chef, puis par des lettres et documents.
Le président est instigateur ou complice de la scandaleuse lettre mensongère écrite par le secrétaire Martin Künzi. Le secrétaire lui a en effet soumis la lettre avant de l’envoyer, attirant son attention sur le fait qu’il y avait deux personnes récusées et deux absents. Engageant le Conseil suisse de la presse, le président a donné son accord pour la réponse mensongère prétendant que cinq personnes étaient présentes. Il a par la suite menti devant l’assemblée des délégués d’impressum de la Chaux-de-Fonds le 23 mars 2012 en prétendant que la Prise de position avait été faite dans le respect du règlement.

Le président Dominique von Burg a d’autre part couvert les agissements de Michel Zendali, refusant d’enquêter sur les indices matériels que nous avons relevés pour dénoncer une intervention extérieure au dossier par le biais de ce membre. Il a refusé de se récuser alors que nous lui avions rappelé que le journal dont il était rédacteur en chef avait été condamné par un tribunal, dans une affaire de droit de réponse, à verser 2000 francs au journaliste de L’Objectif, auteur de l’article qui fait l’objet de la plainte au Conseil suisse de la presse. De même, il a refusé nos demandes de récusation d’Anne Seydoux et de Martin Künzi. Enfin, il a refusé toute demande de consultation du dossier, refusant aussi de dire qui était le rédacteur de la Prise de position. Dans un mail à ses collègues, il qualifie
«d’emm…» le journaliste qui fait valoir ses droits.

Martin Kunzi, secrétaire :
Répondant au journaliste qui demandait combien de membres participaient à la décision contestée, le secrétaire du Conseil suisse de la presse a écrit que «cinq des sept membres de la 2ème Chambre étaient présents», et que par conséquent la Chambre du Conseil suisse de la presse s’est prononcée valablement. Cette lettre datée du 23 février 2010 est une grave et inacceptable manipulation car en réalité la 2ème Chambre a siégé en présence de trois de ses membres seulement. En effet, le PV prouve que deux membres étaient absents et que deux autres s’étaient récusés. Ce mensonge porte une grave atteinte à la crédibilité du Conseil suisse de la presse et justifie à lui seul le licenciement du secrétaire. Il ne s’agit en aucun cas d’une erreur, le secrétaire ayant évoqué ce problème avec le président.

Michel Zendali : Ce membre, qui se veut journaliste d’investigation, a refusé de répondre à nos questions. Nous le soupçonnions d’être l’auteur de l’amputation de la phrase de notre article se référant au jugement pénal disant que le plaignant avait soutenu le génocide. Nous avons appris par la suite qu’il était rapporteur de l’affaire. Nous avons découvert que son rapport secret – auquel nous avons finalement eu accès grâce à une décision du Tribunal administratif fédéral – est orienté en faveur du révisionniste. Ce rapport, arbitrairement établi à charge des journalistes, est clairement manipulé sur plusieurs points. Il écrit par exemple que «toutes les procédures introduites auprès de plusieurs tribunaux romands par M. Semuhire ont tourné à l’avantage de ce dernier». Ce constat est scandaleux, car c’est exactement le contraire qui est vrai : Le révisionniste plaignant a perdu une dizaine de procédures relatives au soutien qu’il apportait aux autorités génocidaires. Dont les procédures intentées contre les journalistes de l’Impartial Gil Baillod et Michel Gogniat. Nous avons toujours soupçonné Michel Zendali d’avoir des connections avec des personnes extérieures au dossier, nous avions même parlé de «trafic d’influence».

Anne Seydoux : Alors qu’autrefois les journalistes n’acceptaient de leçons d’éthique que de leurs pairs, il en va autrement avec l’arrivée d’Anne Seydoux qui représente l’infiltration politique du PDC au cœur même du Conseil suisse de la presse. Elle est en effet conseillère aux Etats PDC. Elle a refusé de se récuser alors même qu’elle siège à Berne sous l’autorité d’un chef de groupe membre du conseil d’administration de La Liberté, un journal qui aurait dû être poursuivi par le Conseil suisse de la presse car il avait, sur l’un des points, commis la même «faute» éthique que les journalistes de L’Objectif. Ajoutons qu’un autre administrateur PDC de ce journal était professeur de thèse du révisionniste, et que c’étaient des juges PDC qui avaient condamné un journaliste de L’Objectif, condamnation annulée suite à un recours au TF. Elle a encore refusé de se récuser alors que L’Objectif avait mis en cause la politique extérieure de la Suisse et qu’elle est membre de la Commission de politique extérieure du Conseil des Etats.
Dans un mail, Anne Seydoux accuse le journaliste de poursuivre le révisionniste de ses articles et d’être
«le justicier de la cause des Tutsis». Rappelons que la démocratie chrétienne internationale (dans laquelle le PDC se reconnaît) avait soutenu la dictature d’Habyarimana qui avait débouché sur le génocide des Tutsis. Cette appréciation de type ethnique, voire raciste, dénote une mentalité indigne d’un membre du Conseil suisse de la presse. Oserait-elle accuser un journaliste qui a enquêté longuement sur les activités d’un néo-nazi et qui rapporte une manifestation organisée contre ce dernier «de le poursuivre de ses articles» et d’être «le justicier de la cause des Juifs» ? Cette position politique qui veut empêcher que la lumière soit faite sur les comportements extrémistes est tout sauf éthique et dénote une inadmissible partialité. De plus, dans un autre mail, Anne Seydoux qualifie de «quérulents» les journalistes qui demandent des explications. Elle fait preuve d’un mépris inadmissible pour la transparence recherchée par les journalistes et pour leur droit d’enquêter. Elle n’a pas sa place au sein d’un Conseil suisse de la presse.
Jean-Marc Angéloz